Le télétravail s’est invité massivement dans les entreprises au printemps 2020 et pose une question centrale : a-t-il réellement amélioré la productivité économique ? Fait saillant : la bascule a été brutale. En France, plus d’un quart des salariés ont basculé vers le travail à domicile pendant les mesures sanitaires, alors qu’ils étaient moins de 3 % à en pratiquer au moins un jour par semaine en 2017, selon la DARES. Cette adoption forcée a levé des freins culturels et techniques, mais elle a aussi donné lieu à des résultats contrastés sur la performance au travail. Les études empiriques fourmillent, mais n’offrent pas un verdict unique. Dans une expérience contrôlée menée par Bloom et ses collègues (2015) au sein d’un centre d’appels chinois, le télétravail a conduit à des gains de productivité de l’ordre de 20 %, une meilleure satisfaction et une moindre rotation. À l’inverse, Morikawa (2020) observe une chute d’environ 40 % de la productivité dans un institut de recherche japonais passé au télétravail de façon soudaine et non préparée. Ces évaluations diffèrent par le contexte — secteur, préparation, équipement, composition des équipes —, ce qui rend les comparaisons délicates. L’OCDE évoque même une relation en U inversé entre intensité du télétravail et performance : un dosage optimal existe et dépend des métiers et des interactions requises. Plusieurs mécanismes expliquent ces différences : À l’inverse, plusieurs freins limitent les bénéfices : absence de préparation des équipes, équipement inadapté, manque de formation des managers, isolement professionnel et difficultés d’organisation à domicile (notamment la garde d’enfants). Le risque d’un télétravail intégral est la rupture des circulations d’information entre collègues, nuisible à la productivité collective. Il faut garder en tête des biais importants : les volontaires pour le télétravail sont souvent plus motivés et performants a priori, ce qui peut gonfler les estimations. De plus, l’effet varie selon la nature des tâches — travail créatif versus tâches répétitives — et la taille ou la culture d’entreprise (cf. Dutcher, 2012). Si le télétravail est bien mis en œuvre — accompagnement, formation, équipement et équilibre entre présentiel et distanciel — il peut contribuer à une hausse durable de la productivité et, par extension, de la croissance potentielle. À l’inverse, une adoption mal calibrée risque d’entraîner une perte d’efficience collective. Pour une synthèse accessible des enjeux évoqués ici, deux lectures peuvent compléter : https://www.lesoir-echos.com/?p=824 et https://www.lesoir-echos.com/?p=357. Derrière les chiffres et les études, la question reste politique et organisationnelle : comment définir le bon équilibre entre flexibilité individuelle et maintien des dynamiques d’équipe, pour que le télétravail devienne un levier de performance plutôt qu’une source de fragmentation ?Contexte et données
Pourquoi les effets divergent
Nuances méthodologiques
Conséquences économiques et perspectives
L’impact du télétravail sur la productivité économique






