Fait essentiel : le démantèlement récent d’une cellule liée à « Daech », annoncé par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), confirme que le Maroc fait face simultanément à une menace terroriste externe et interne, alimentée par des recrutements à distance depuis le Sahel et par des éléments locaux prêts à passer à l’action.
En bref — points clés à retenir : menace terroriste persistante malgré une vigilance accrue ; plus de 130 combattants marocains ont rejoint des branches de groupes extrémistes à l’étranger ; le Royaume a démantelé plus de 200 cellules depuis 2002 ; renseignements marocains et coopération internationale restent au cœur de la lutte antiterroriste ; l’enjeu majeur est la prévention du processus de radicalisation et la protection de la stabilité régionale.
Le Maroc face à la menace terroriste : état des lieux en 2025
Lors d’un point de presse à Salé, le Directeur du BCIJ, Cherkaoui Habboub, a expliqué que la cellule récemment neutralisée, interconnectée avec des cadres de l’« État islamique au Sahel », illustre une double réalité : des pressions externes (recrutement, endoctrinement, directions à distance) et une implication locale, notamment de personnes qui, n’ayant pas pu rejoindre des camps, planifient des attaques sur le sol national. Ces révélations prolongent un fil historique : opérations avortées, arrestations d’émissaires (notamment en 2015) et communiqués jihadistes citant explicitement le Maroc.
Au-delà de l’opération médiatisée, le constat est chiffré : selon les autorités, plus de 130 combattants marocains ont rejoint des branches en Afrique de l’Ouest, au Sahel et dans la corne de l’Afrique, tandis que les services nationaux revendiquent le démantèlement de plus de 200 cellules depuis 2002. Ce bilan témoigne d’une capacité opérationnelle solide mais rappelle la persistance d’un terreau favorable aux actions violentes.
Insight : la menace n’est pas seulement transfrontalière ; elle se conjugue localement, rendant indispensable une réponse sécuritaire et sociale coordonnée.
Réseaux sahéliens et stratégie d’exportation des violences
Les groupes actifs au Sahel — EIGS, factions dissidentes liées à Al-Qaida, Boko Haram — ont progressivement fait du Maroc une cible stratégique. Un rapport récent de Modern Diplomacy souligne que ces organisations regardent désormais le Royaume comme un obstacle à leurs ambitions, justifiant des opérations de représailles ou des tentatives d’infiltration. Des responsables historiques, aujourd’hui tombés, avaient déjà envisagé d’étendre leurs actions au territoire marocain.
Les exemples abondent : de l’arrestation, en 2015, d’un émissaire maghrébin en possession de produits chimiques, jusqu’à l’implication de cellules locales dans l’assassinat d’un policier en 2023 après des tentatives de départ vers des fronts étrangers. Ces faits montrent une tactique de contournement : quand le départ est impossible, la violence se recentre à l’intérieur.
Insight : la porosité idéologique entre zones de conflit et milieux radicaux locaux transforme le Sahel en un multiplicateur de risques pour le Maroc.
Stratégies et capacités : comment les renseignements marocains agissent
Le modèle marocain combine renseignements marocains performants, coordination interservices et modernisation des outils de surveillance. La DGST et le BCIJ, appuyés par des capacités électroniques et d’analyse avancées, ont permis d’anticiper et de neutraliser des cellules actives dans plusieurs villes. L’opération récente, étendue à neuf villes, a mis au jour caches d’armes et d’explosifs, montrant l’ampleur logistique que peuvent atteindre ces réseaux.
La coopération internationale renforce ces efforts : formations sous l’égide de l’ONU, échanges opérationnels avec les États-Unis, l’Union européenne et des partenaires africains, et opérations conjointes (notamment une action maroco-espagnole en novembre 2024). Le Maroc se présente ainsi comme un pivot régional, contribuant à la stabilité régionale et à la sécurisation des routes migratoires et maritimes.
Insight : l’efficacité des services tient autant à la technologie qu’à la qualité du renseignement humain et aux partenariats extérieurs.
Prévention du terrorisme et lutte contre la radicalisation — enjeux humains
Sur le plan intérieur, la prévention du processus de radicalisation reste cruciale. Des programmes d’éducation, de réintégration et de surveillance des discours en ligne visent à couper l’herbe sous le pied des recruteurs. Amine, un analyste fictif inspiré des profils rencontrés dans les services, illustre l’approche : terrain, liaison avec les familles, collaboration avec les autorités locales pour détecter les trajectoires de radicalisation et proposer des alternatives.
Les retours d’expérience montrent que les composantes sociales (emploi, insertion, surveillance des plateformes numériques) sont aussi déterminantes que les actions judiciaires contre les cellules terroristes. Sans une politique préventive inclusive, la répression seule peine à casser les mécanismes d’endoctrinement.
Insight : prévenir, c’est investir dans des filets sociaux et des chaînes de renseignement humain capables d’identifier les basculements avant qu’ils n’aboutissent à la violence.
Coopération internationale et perspectives pour la stabilité régionale
Face à une menace qui dépasse les frontières, le Maroc a consolidé des partenariats stratégiques. Les opérations conjointes avec l’Espagne et d’autres alliés européens, les échanges avec les États-Unis et la coordination régionale au Sahel sont des éléments clefs d’une réponse intégrée. En novembre 2024, une opération maroco-espagnole à Tétouan et Madrid a illustré la force de cette synergie.
Cependant, l’instabilité persistante dans le Sahel, alimentée par la faiblesse des institutions et la porosité des frontières, continuera d’alimenter des scénarios dangereux. Le rapport cité sur Modern Diplomacy pointe aussi des rivalités régionales qui complexifient le tableau stratégique. Pour maintenir la stabilité régionale, l’effort doit rester multiforme : renseignement, diplomatie, développement local et échanges sécuritaires renforcés.
Insight : la sécurité du Maroc est aujourd’hui indissociable d’un engagement international soutenu et d’une politique régionale proactive.
Pour approfondir les dimensions politiques et diplomatiques qui entourent ces enjeux, voir l’analyse sur l’impact des crises voisines et leurs répercussions sur Rabat : https://www.lesoir-echos.com/crise-en-espagne-quel-impact-politique-sur-le-maroc/. D’autres regards utiles sur la coopération et la sécurité régionale sont disponibles ici : https://www.lesoir-echos.com/crise-en-espagne-quel-impact-politique-sur-le-maroc/, et pour le contexte opérationnel recentré sur le renseignement : https://www.lesoir-echos.com/crise-en-espagne-quel-impact-politique-sur-le-maroc/. Pour mesurer l’impact sur les relations bilatérales et la collaboration en matière de lutte antiterroriste, consulter aussi : https://www.lesoir-echos.com/crise-en-espagne-quel-impact-politique-sur-le-maroc/. Enfin, pour une vue d’ensemble des pressions régionales et des réponses possibles : https://www.lesoir-echos.com/crise-en-espagne-quel-impact-politique-sur-le-maroc/.
Ouverture : la résilience du Maroc tient à l’alliance du renseignement, de la prévention sociale et de la coopération internationale. Mais la partie n’est pas gagnée : la recomposition des menaces au Sahel appelle à une adaptation constante — non seulement des moyens, mais aussi des mots et des politiques — pour empêcher que la violence n’envahisse de nouveaux espaces.