Les impôts financent l’État, mais la manière dont cet argent est utilisé détermine la santé des comptes publics. En 2024, la dépense la plus lourde du budget général est la mission des remboursements et dégrèvements — près de 140 milliards d’euros — un signal clair : une part importante des recettes fiscales retourne directement aux contribuables ou reste irrécouvrable, et pèse sur la capacité de l’État à équilibrer ses comptes. Quand les dépenses dépassent les recettes, le budget présente un déficit.
Les chiffres essentiels et leur lecture
Depuis l’entrée en vigueur de la LOLF en 2006, les dépenses de l’État sont présentées par missions. Le budget 2024 recense 33 missions au budget général. Outre les remboursements et dégrèvements, les postes qui mobilisent les montants les plus élevés sont les avances aux collectivités territoriales, l’enseignement scolaire, la défense et les pensions (retraites, allocations d’invalidité, pensions civiles et militaires).
Du côté des recettes, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) demeure la première ressource fiscale : selon les évaluations révisées du projet de loi de finances 2025, la TVA s’établit à 176,9 milliards d’euros, soit près de 38 % des recettes fiscales brutes. D’autres lignes importantes : l’impôt sur le revenu reste une source majeure (autour de 114–120 milliards selon les scénarios), alors que les recettes d’impôt sur les sociétés montrent une diminution dans les projections (-5,1% entre la révision 2024 et le PLF 2025 projeté).
Pourquoi les remboursements pèsent autant ?
Les remboursements et dégrèvements recouvrent deux réalités : d’une part, des restitutions légitimes — crédits de TVA, remboursements d’impôts à tort perçus — et, d’autre part, des pertes liées à l’incapacité de recouvrer certaines créances fiscales. Leur poids élevé réduit mécaniquement les recettes fiscales nettes disponibles pour financer les politiques publiques.
Les tensions structurelles et leurs conséquences
Le basculement de la ventilation budgétaire en missions facilite la lecture politique mais masque parfois la contrainte financière : certaines missions, comme l’enseignement ou les pensions, sont peu flexibles et s’accroissent avec la démographie et les obligations contractuelles. À l’inverse, des postes comme les remboursements peuvent fluctuer fortement d’une année à l’autre selon des décisions administratives, des contentieux fiscaux ou des retours de crédits aux entreprises.
Sur l’ensemble des recettes, il faut aussi compter les prélèvements opérés sur les recettes de l’État : une partie des recettes est affectée aux collectivités territoriales ou à l’Union européenne, ce qui réduit la marge de manœuvre budgétaire nationale. Ces transferts ont un effet mécanique sur l’effort budgétaire de l’État au moment où les besoins sociaux et d’investissement restent pressants.
Impacts concrets et enjeux pour l’économie
Un budget marqué par de lourds remboursements et par des recettes sensibles aux cycles économiques (TVA, impôt sur les sociétés) entraine deux risques : une variabilité accrue des recettes d’une année sur l’autre et une dépendance aux décisions fiscales et judiciaires. Pour les acteurs économiques et les citoyens, cela signifie une incertitude sur le niveau futur des dépenses publiques et, indirectement, sur la trajectoire de la fiscalité.
Pour ceux qui cherchent à comprendre les bases de ces mécanismes ou à se forger une perspective sur la gestion macroéconomique, la synthèse suivante peut être utile : Comprendre les bases de l’économie en 2026 — ce qu’il faut savoir. Et pour les décideurs et investisseurs qui veulent anticiper les choix à faire en période d’incertitude, ce guide propose des pistes pratiques : Investir intelligemment en période d’incertitude économique.
Ce que disent les trajectoires budgétaires
Les projections inscrites dans le PLF 2025 montrent des évolutions contrastées : hausse de certaines taxes indirectes et contraction attendue des recettes de sociétés. Ces variations obligent à arbitrer entre maîtrise des dépenses, adaptations fiscales et recours à l’endettement. Derrière chaque chiffre, il y a une décision politique et un impact social : coupes sur un programme, gel des recrutements, transferts aux collectivités, ou endettement supplémentaire.
Derrière ce constat, une question politique et technique reste ouverte : comment concilier stabilité budgétaire, maintien des services publics indispensables et adaptation aux aléas économiques, sans peser excessivement sur les ménages et l’investissement public ?