La trajectoire de l’économie mondiale d’ici 2030 dépendra en grande partie des choix politiques pris maintenant. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) alerte : après une résistance inattendue au premier semestre 2025, la croissance mondiale marque le pas et les perspectives s’assombrissent si le protectionnisme se renforce.
Le constat est net : selon le rapport publié en septembre, la croissance mondiale reculerait à 3,2 % en 2025 (contre 3,3 % en 2024) puis à 2,9 % en 2026. Cette décélération tient en partie à la remontée spectaculaire des droits de douane décidée par Washington depuis le printemps : le taux effectif moyen des prélèvements sur les importations américaines a atteint un niveau inédit depuis les années 1930, autour de 19,5 % en août. Ces mesures, encore largement absorbées par les entreprises à court terme, commencent déjà à se traduire par des hausses de prix, une contraction de la consommation et un affaiblissement du marché du travail.
Derrière les moyennes globales, trois trajectoires fragilisées méritent l’attention. Aux États-Unis, la croissance devrait passer de 2,8 % en 2024 à 1,8 % en 2025, puis 1,5 % en 2026, sous l’effet combiné des tarifs, d’une immigration nette plus faible et de coupes dans l’administration fédérale. En Chine, le rythme ralentit également : l’OCDE anticipe environ 4,9 % en 2025 puis 4,4 % en 2026, à mesure que les soutiens budgétaires s’amenuisent. La zone euro montre une décélération plus modérée — autour de 1,2 % en 2025 puis 1,0 % en 2026 — aidée par un léger assouplissement des conditions de crédit, mais confrontée à des tensions persistantes sur les prix alimentaires et les services.
Sur l’inflation, les prévisions tablent sur un reflux global : 3,4 % en 2025 puis 2,9 % en 2026. Reste que la transmission progressive des hausses tarifaires dans les chaînes de valeur pourrait relancer certaines pressions. Le rôle des autorités monétaires devient alors central : comprendre comment les banques centrales arbitreront entre soutien de la croissance et maîtrise des prix est une clé pour les années à venir — un sujet développé ici https://www.lesoir-echos.com/le-role-des-banques-centrales-dans-la-stabilite-economique/.
Si l’horizon macroéconomique reste incertain, plusieurs tendances structurelles dessineront le monde en 2030.
L’émergence des économies vertes. L’économie bas-carbone n’est plus une option : elle devient une contrainte et une opportunité simultanément. Les énergies renouvelables, la mobilité électrique et l’économie circulaire transforment les politiques publiques et les chaînes d’approvisionnement. En France comme ailleurs, cette transition prend de l’ampleur et crée des frictions autant que des relais de croissance — pour en savoir plus : https://www.lesoir-echos.com/pourquoi-leconomie-verte-gagne-du-terrain-en-france/.
La digitalisation et l’intelligence artificielle redéfiniront l’organisation du travail, la conception des services publics et la sécurité des États. L’IA offre des gains de productivité considérables, mais pose des questions de régulation, d’éthique et de résilience cybernétique. Attendre ou ignorer ces mutations n’est plus une option pour les décideurs.
Les nouvelles dynamiques du commerce mondial ne se limitent plus aux tarifs : elles mêlent désormais normes environnementales, clauses technologiques et enjeux géopolitiques. Les accords commerciaux doivent être « intelligents » pour intégrer ces dimensions ; faute de quoi le risque de fragmentation s’accroît, avec des effets négatifs sur l’investissement et la spécialisation internationale.
Les défis démographiques continueront de jouer un rôle structurant : vieillissement dans les pays développés, explosion démographique de la jeunesse dans certains pays en développement, et mouvements migratoires. Ces évolutions imposent d’anticiper les besoins en formation, en santé et en intégration sociale.
Enfin, la question des finances publiques reste fondamentale. La crédibilité budgétaire conditionne la capacité des États à répondre à des chocs futurs et à financer la transition. Des trajectoires budgétaires claires sont nécessaires pour contenir le niveau d’endettement et préserver la marge de manœuvre — un dossier utile pour saisir les enjeux : https://www.lesoir-echos.com/comprendre-la-dette-publique-et-ses-consequences/.
Pour limiter le risque d’une crise plus profonde, l’OCDE pointe quatre priorités : rétablir la transparence commerciale par une coopération internationale renforcée, assainir les finances publiques, relancer les réformes structurelles (concurrence, formation, barrières à l’entrée) et investir dans la résilience des chaînes de valeur. Ces leviers sont autant de chemins pour transformer un ralentissement en transition soutenable.
Pour prolonger la réflexion, plusieurs ressources offrent des clés de lecture complémentaires : analyse générale https://www.lesoir-echos.com/?p=880, synthèse sur les effets économiques des choix politiques https://www.lesoir-echos.com/?p=590, et un focus sur le rôle des institutions face aux chocs.
Derrière les chiffres — croissance, taux, projections — il y a des arbitrages politiques et des conséquences humaines : emplois transformés, prix à la consommation, capacités d’investissement public. L’économie mondiale est à la croisée des chemins : coopération renforcée et réformes pourraient améliorer le paysage ; à l’inverse, un protectionnisme durable et des tensions budgétaires risquent d’ancrer un ralentissement prolongé. Alors que 2030 approche, le choix est autant technique que politique. « Plus que des modèles, il faut des décisions », résume un observateur des politiques internationales — et ces décisions se prendront d’ici peu.