Home / Economie / Salaire, emploi et chômage : nouvelles tendances économiques

Salaire, emploi et chômage : nouvelles tendances économiques

découvrez tout ce qu'il faut savoir sur l'emploi : recherches d'opportunités, conseils pour réussir vos entretiens, droits et démarches, ainsi que les tendances du marché du travail actuel.

Fait essentiel : la création d’emplois en France a nettement ralenti en 2024 : l’emploi total n’a augmenté que de +94 000 personnes entre fin 2023 et fin 2024, contre +227 000 un an plus tôt, selon les estimations consolidées de l’Insee et de la Dares.

Le visage du marché du travail à la fin 2024

Fin 2024, 30,4 millions de personnes sont en emploi : 27,0 millions en emploi salarié et 3,4 millions en emploi non salarié. L’évolution récente masque des trajectoires très différentes : l’emploi salarié a presque stagné (+4 000), tandis que l’emploi non salarié est estimé en hausse d’environ +90 000 sur l’année.

La répartition par genre reste marquée : les femmes occupent la majorité des postes salariés (50%) mais seulement un tiers des emplois non salariés. Les différences sectorielles sont fortes : dans la construction les femmes représentent 13% des salariés, 30% dans l’industrie, contre 47% dans le tertiaire marchand et 69% dans le tertiaire non marchand.

Quels secteurs freinent la reprise ?

Le ralentissement tient principalement à la faiblesse de l’emploi salarié privé : le secteur privé a perdu 32 000 emplois en 2024, après en avoir gagné 80 000 en 2023. Le public a, lui, limité la décélération avec +37 000 emplois.

Le cœur du souci se situe dans le tertiaire marchand, qui concentre la moitié des salariés et où l’emploi a reculé de 34 000 postes en 2024. Parmi les sous-secteurs touchés figurent les services aux entreprises (-34 000), l’information-communication (-15 000) et le commerce (-6 000).

La construction a vu l’emploi hors intérim diminuer fortement (-27 000), rompant une tendance haussière qui durait depuis plusieurs années. À l’inverse, l’industrie hors intérim a légèrement progressé (+11 000).

L’intérim : un thermomètre qui se refroidit

Le travail temporaire a fortement reculé : l’emploi intérimaire a diminué de 46 000 personnes en 2024, après une baisse de 53 000 l’année précédente. Le taux de recours à l’intérim — part des intérimaires dans l’emploi salarié — a ainsi chuté pour les secteurs marchands non agricoles jusqu’à 3,75% au quatrième trimestre 2024, loin de son pic de 4,7% début 2018. Ce reflux sert d’indicateur de la moindre dynamique de recrutement à court terme dans certains secteurs.

Non-salariés et micro-entrepreneurs : une poussée différente

Contrairement au salariat, l’emploi non salarié montre une dynamique notable : l’Insee évalue à environ +90 000 la hausse en 2024. Ce mouvement est soutenu par la création de micro-entreprises — notamment dans les services de transport — et par des effets réglementaires et fiscaux qui ont favorisé l’essor de ce statut depuis 2018.

Le bilan global et les pistes d’interprétation

Sur la période 2019–2024, le système productif français a tout de même créé près de 1,3 million d’emplois salariés — un bond comparable au cumul d’une décennie précédente — une part importante étant liée au développement de l’apprentissage, qui contribue à environ un tiers de cette progression. Mais la trajectoire 2024 révèle une inflexion : la demande de main-d’œuvre faiblit, d’abord sur le secteur marchand, et l’intérim recule, signe d’un cycle plus prudent des entreprises.

Derrière ces chiffres, plusieurs explications se dessinent : ralentissement de la demande interne, réajustements après des années de forte création d’emplois, et redistributions entre statuts (salarié vs non-salarié). Le poids croissant des micro-entreprises interroge aussi la qualité et la protection sociale associées à ces emplois.

Sources et lectures complémentaires

Les données reprises dans ce reportage proviennent principalement de l’Insee (Estimations d’emploi) et de la Dares (déclarations sociales et statistiques sur l’intérim). Pour prolonger l’analyse, voir également des dossiers récents et commentaires publiés sur la manière dont ces tendances se traduisent sur le terrain :
Lesoir-echos — Analyse 1,
Lesoir-echos — Analyse 2,
Lesoir-echos — Reportage,
Lesoir-echos — Enquête,
Lesoir-echos — Contexte sectoriel.

Reste la question ouverte : face à ce ralentissement, comment concilier protection des parcours professionnels, montée des statuts indépendants et besoin d’une reprise des recrutements dans les secteurs marchands ?

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *