Un marché tech en ralentissement — mais toujours porteur pour les profils clés
Le premier trimestre 2025 marque un recul des recrutements dans la tech : les offres ont diminué d’environ 4,7% par rapport à la même période de 2024, et sur des horizons plus larges la baisse atteint près de 17,5%. Malgré ce tassement, les postes proposés restent majoritairement stables et bien rémunérés — 82% des annonces sont des CDI et certains salaires culminent autour de 150 000€ annuels.
Contexte et lecture des chiffres
Ce ralentissement n’est pas synonyme d’effondrement : il traduit plutôt une phase de consolidation. Les recruteurs se montrent plus sélectifs, concentrant leurs investissements sur les profils stratégiques. Selon des spécialistes des ressources humaines, les entreprises privilégient la qualité des recrutements pour rester compétitives dans un environnement incertain.
Parallèlement, la France poursuit sa trajectoire d’investissement dans la transformation digitale, avec un plan public et privé chiffré à environ 50 milliards d’euros d’ici 2025. Cet effort nourrit l’écosystème : plus de 10 000 startups tech y dessinent un terrain d’innovations et d’embauches, même si ces dernières sont désormais plus ciblées.
Les métiers les plus recherchés en 2025
Malgré la baisse globale des offres, plusieurs familles de métiers demeurent en tension. À retenir en priorité :
- Intelligence Artificielle (IA) — ingénieurs ML, chercheurs appliqués et ingénieurs IA : la demande explose pour automatiser, personnaliser et optimiser les produits et services.
- Cloud Computing — architectes et ingénieurs Cloud : conception, migration et optimisation des environnements distribués.
- Cybersécurité — analystes, ingénieurs DevSecOps et spécialistes sécurité : la protection des données est centrale.
- Marketing digital — profils SEO/SEA et experts UX/UI : l’expérience utilisateur et la visibilité restent des leviers essentiels.
Dans le détail, certains métiers apparaissent comme des priorités opérationnelles :
- Architecte Cloud : rôle stratégique, souvent occupé par des profils très expérimentés — près de 81% de ces professionnels affichent plus de huit ans d’expérience.
- Ingénieur Solutions Cloud : intervenant sur la mise en œuvre et la migration. Les taux d’expérience dépassent les 80 % dans plusieurs régions (jusqu’à 88% en Australie/Nouvelle-Zélande, 82% dans la région DACH).
- DevSecOps : pour intégrer la sécurité dès les premières étapes du développement ; environ deux tiers de ces experts disposent de plus de huit ans d’expérience.
- Ingénieur en Intelligence Artificielle : demande forte pour concevoir des modèles robustes et adaptés aux usages métiers.
- Développeur RPA : l’automatisation robotisée reste une solution pragmatique pour dégager du temps humain — globalement 62% de ces profils ont plus de huit ans d’expérience, jusqu’à 76% au Portugal.
Compétences et profils recherchés
Les recruteurs ne cherchent plus seulement des experts techniques. Les soft skills — capacité d’adaptation, communication transverse, esprit critique — pèsent désormais autant que les compétences techniques. Les profils capables d’articuler expertise, compréhension des enjeux business et sens éthique sont particulièrement valorisés, surtout dans l’IA où les conséquences opérationnelles et sociétales exigent de la prudence.
La réussite des projets dépendra aussi d’une meilleure collaboration entre équipes techniques et métiers. Les entreprises qui parviendront à recruter des profils-ponts — ceux qui traduisent les besoins métiers en solutions techniques — tireront un avantage tangible.
Enjeux éthiques et sécuritaires
L’accélération des usages de l’IA et la multiplication des flux de données placent la sécurité et l’éthique au cœur des recrutements. Les professionnels sont désormais attendus sur deux fronts : maîtriser les outils et anticiper les implications sociales, juridiques et sécuritaires de leurs déploiements. Les débats sur la flexibilité des contrats et la protection des salariés restent vifs, tandis que la responsabilité des développeurs et des décideurs s’est renforcée.
Perspectives et secteurs émergents
Les perspectives à moyen terme restent optimistes. Au-delà de l’IA et du cloud, des technologies comme l’edge computing, la réalité augmentée et l’Internet des Objets (IoT) devraient créer de nouveaux besoins. Le marketing digital continuera d’évoluer avec des attentes accrues en matière d’UX et de personnalisation.
Pour mieux cartographier les talents, des outils analytiques basés sur des enquêtes auprès de professionnels — comme le Tech Talent Explorer alimenté par les données Horsefly Analytics — permettent d’identifier les zones géographiques de disponibilité, les attentes salariales et les critères qui influencent le choix d’un employeur. Ces ressources aident les recruteurs à ajuster leurs offres pour attirer des profils rares.
Ce que cela signifie pour les candidats et les recruteurs
Pour les candidats : spécialiser ses compétences techniques reste essentiel, mais il est désormais indispensable de cultiver l’adaptabilité, la compréhension métier et une conscience éthique. La formation continue et la veille technologique sont des atouts décisifs.
Pour les entreprises : clarifier les parcours professionnels, proposer des missions à impact et renforcer la coopération inter‑équipes seront des leviers pour attirer et retenir les talents. Investir dans la sécurité et l’éthique n’est pas qu’une obligation morale : c’est un facteur de compétitivité.
Reste la question ouverte : qui saura allier expertise technique, sens des affaires et responsabilité éthique pour transformer ce ralentissement apparent en avantage stratégique ?





